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vérité en decà, erreur au delà

rions-nous fait des belles-lettres à cette époque lointaine ? Les belles pelleteries valaient beaucoup mieux !

Sur ce point, Lahontan s’accorde avec Hocquart qui fut, après Talon, le plus prestigieux intendant qu’ait eu la Nouvelle-France (1729-1748). Cet homme remarquable fait preuve d’esprit d’observation et d’un jugement fort judicieux quand il rend de ses administrés le témoignage suivant :

Les Canadiens, dit-il, sont naturellement grands, bien faits, d’un tempérament vigoureux, sont industrieux et adroits. Ils aiment la distinction, sont extrêmement sensibles au mépris et aux moindres punitions.

Malheureusement, Hocquart se laisse aller, lui aussi, à des intempérances de langage correspondant sans doute à des écarts de jugement qui décèlent non seulement du crétinisme à l’état aigu, mais un inconcevable mépris pour la vérité. Il y a très évidemment du dépit et un parti pris systématique dans certaines appréciations carrément malveillantes de ce quelconque mamamouchi qui pose à l’historien alors qu’il ne fut qu’un pédant histrion. Qu’on en juge :

Les Canadiens sont intéressés, vindicatifs, sujets à l’ivrognerie, font un grand usage d’eau-de-vie et passent pour n’être pas véridiques. Ils sont volages, naturellement indociles, ont trop bonne opinion d’eux-mêmes, ce qui les empêche de réussir comme ils le pourraient dans les arts, l’agriculture et le commerce. La longueur et la rigueur des hivers les entraînent à l’oisiveté.