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ce capitaine jacques cartier

de ses collègues et les amena en France. Les malheureux serviraient de mascottes à l’expédition et de sujet à un ouvrage de Chateaubriand. Les touristes en quête de souvenirs ou de mémentos ont de ces caprices, paraît-il.

Je ne sais comment on qualifiait à cette époque cette façon d’agir, mais aujourd’hui, ça s’appelle une infamie ou, vulgairement, un tour de C…artier ! Autant le dire que le penser.

Cette saleté est contemporaine de la ronflante maxime : tout est perdu, fors l’honneur !

Vos malheureux ancêtres, habitués à danser en rond, durent, en France, régler leurs pas sur l’allure fignolée du menuet ou d’autres mesquineries chorégraphiques qui y étaient à la mode bien avant Paul-Louis Courier. Non, mais voyez-vous votre ancêtre Donat Kona en gigolo ! C’est dire que, au bout de deux ou trois ans, ils succombèrent à une attaque de civilisation aiguë. Fort heureusement, la Belle Ferronnière avait eu l’humanité de les faire baptiser !

Cartier crut se laver devant l’histoire de cette souillure en faisant un pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame de Rocamadour. Ja(ma)cques Cartier revint au Canada en 1541. Aux Stadaconais qui s’enquéraient de Donat Kona et de ses compagnons, le navigateur répondit, sans sourciller, qu’ils avaient fondé des foyers en France et qu’ils y florissaient tellement qu’il n’avait pu les persuader de revenir au Canada.