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à vau-le-nordet

l’endroit de notre avenir national, estimant sans doute qu’il fallait apporter un tempérament au chauvinisme ardent, au nationalisme exalté et à l’optimisme satisfait qui rayonnait de toutes parts. Peut-être aussi entendait-il fouailler les indifférents, réveiller les tièdes.

Ainsi, il soutenait que l’idée de patrie est un simple préjugé enraciné dans les esprits par des siècles d’obscurantisme, que le nationalisme est une doctrine rétrograde et néfaste en ce qu’il exprime la négation du christianisme et que, étant donné que la société repose sur ce faux principe, la guerre est logique, inévitable et devient un besoin presque physique, aussi nécessaire à l’humanité que le calomel à l’individu.

— Tout ce que je reproche à la guerre, disait-il, c’est d’être d’un prix inabordable. Il en coûte à une nation les yeux de la tête pour tuer un million d’hommes à sa voisine. Il faudra trouver autre chose… Aussi bien, l’humanité enfreint les règles les plus élémentaires de la philosophie naturelle. On a tout chambardé sur cette planète que nous croyons nôtre mais dont nous ne sommes que les parasites. Nous prétendons nous émanciper de sa tutelle, faire comme bon nous semble, c’est-à-dire violer les canons fondamentaux de la logique, et nous nous étonnons que tout aille mal… Eh ! mon Dieu, on n’a pas besoin de chercher à l’autre bout du monde. Connaissez-vous, vous autres, quelque