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XVI


Pendant deux jours, la scène changea, se renouvela continuellement, à mesure qu’avançait la pirogue pagayée vigoureusement.

La nuit venue, on abordait dans quelque islet pour dormir, tranquilles, hors de l’atteinte des fauves. Robert épuisé goûtait alors quelques heures de sommeil réparateur. Le matin, dès l’aurore, on se remettait en route après avoir fait provision de fraises, de cresson, de noix laiteuses, de jeunes pousses, de rhizomes de fougère ou de racines comestibles.

Plusieurs fois déjà, on avait rencontré des rapides, mais Robert avait pu, en marchant dans l’eau, près du rivage, remorquer la pirogue à sa suite. C’est ainsi qu’on couvrit une longue distance sans avoir à s’engager dans le bois, extrémité qu’on tâchait de différer le plus possible. On remonta Mk8inapskog — le rapide rouge — et, plus loin, le 8damoganopskog — le rapide qui a la forme d’un calumet, — on passa Kwanahomak[1] — la pointe — A8asaski[2], — la terre aux ours, non loin du confluent de la 8atopega, — la rivière à l’araignée, etc.

Bientôt après, il devint évident que le voyage par eau allait prendre fin : le fleuve se rétrécissait soudain et, dans l’entrebâillement des falaises escarpées, les eaux se précipitaient en tumulte comme affolées et prises de panique. Il ne fallait pas non plus songer à côtoyer le rivage en touant l’embarcation, tellement le talus était accore. Force était de se résigner à marcher, car Ro-

  1. détour que fait, la rivière entre West Wickham et L’Avenir.
  2. territoire qui s’étendait, à ce qu’on peut voir, de Richmond à Windsor Mills.