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Cependant, le front penché, Maugras hâtait le pas, suivi de son compagnon. Seul le grincement de leurs bottes d’orignal sur la neige durcie du sentier rompait le silence qui pesait sur eux.

Bientôt, en débouchant dans la clairière, Maugras put distinguer sa maisonnette au-dessus de laquelle fuyait un mince filet de fumée.

C’était une habitation en bois rond, c’est-à-dire faite de billes superposées, légèrement équarries et emmortaisées aux bouts en gueule de loup, de manière à les assujettir solidement. Les interstices avaient été bousillés d’une espèce de torchis. Du toit à pente raide recouvert de chaume issait un bout de cheminée. Ce n’était pas princier ni même très douillet, mais le luxe n’était pas encore entré dans les mœurs de nos paysans. Pour ne pas payer d’apparence, la maison était assez grande et bien défendue contre les intempéries des saisons. Flanquée d’une talle de sapins qui la masquait du nord-est, elle se trouvait protégée de la poudrerie.

Dès qu’il put apercevoir la maison à travers la clairière, Maugras inspecta d’un coup d’œil nerveux les alentours. Tout paraissait quiet à l’extérieur ! Cela sembla le calmer et quand son chien Nachon s’en vint gambader dans ses jambes en frétillant de la queue, il fut tout à fait rassuré.

Ce ne fut qu’en contournant le bouquet de sapins qu’il aperçut, arrêté devant la porte de la maison, l’attelage du seigneur Crevier, carriole noire et jument pincharde.

Remis de l’alerte qu’il avait eue, il lui tardait cependant d’avoir l’explication de cette énigme.

En entrant, il se trouva face à face avec Pariseau, domestique du seigneur Crevier. Ce Pariseau était un Bastonnais enlevé d’Ha-