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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/124

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MES SOUVENIRS

D’une voix charmante, Sa Majesté me dit qu’il fallait l’excuser si elle n’allait pas le soir, à l’Opéra, entendre il Capolavoro du maître français, et, désignant la vitrine : « Nous sommes en deuil ! » Puis elle ajouta : « Puisque je serai privée ce soir, voulez-vous me faire entendre quelques motifs de l’opéra ? »

N’ayant pas de chaise à côté du piano, je commençais à jouer debout, lorsque, apercevant le mouvement de la reine cherchant une chaise, je m’élançai et plaçai celle-ci devant le piano pour continuer l’audition si adorablement demandée.

Je quittai Sa Majesté très ému et très reconnaissant pour son gracieux accueil ; puis, ayant traversé les nombreux salons, je retrouvai le marquis de Villamarina, que je remerciai grandement de sa haute courtoisie.

Un quart d’heure après, j’étais via delle Carrozze, rendant visite à Menotti Garibaldi, pour lequel j’avais une lettre d’un ami de Paris.

Ce fut une matinée peu ordinaire et véritablement rare par la qualité des personnages que j’avais eu l’honneur de voir : Sa Sainteté le pape, Sa Majesté la reine, et le fils de Garibaldi !

Dans la journée je fus présenté au prince Massimo de la plus antique noblesse romaine, et comme je lui demandais, peut-être indiscrètement, mais surtout curieusement, s’il descendait de l’empereur Maxime, il me répondit simplement, modestement : « Je ne le sais pas positivement, mais on l’assure dans ma famille, depuis dix-huit cents ans. »

Le soir, après le théâtre, succès superbe, j’allai souper chez notre ambassadeur, le duc de Montebello. À