la demande de la duchesse, je recommençai l’audition donnée le matin à Sa Majesté la reine. La duchesse fumant elle-même, je me souviens d’avoir grillé beaucoup de cigarettes, pendant cette audition. Cela me permit, en regardant la fumée monter vers les frises, d’y contempler les peintures merveilleuses dues à l’immortel Carrache, l’auteur de la célèbre galerie Farnèse.
Quelles heures inoubliables encore !
Et je rentrai, vers trois heures du matin, à mon hôtel, où la sérénade (mieux l’aubade) qui me fêtait avait empêché mon ami du Locle de dormir.
Le printemps s’écoula rapidement dans le souvenir de ce brillant hiver que je venais de passer en Italie. Je me remis à la besogne à Fontainebleau, et terminai la Vierge.
Nous partîmes ensuite, ma chère femme et moi, pour Milan et la villa d’Este.
Nous étions en cette année d’enthousiasmes, de joies pures et radieuses, pour moi, que des heures d’inexprimable bonheur devaient marquer, dans ma carrière, de leur trace ineffable.
Giulio Ricordi m’avait invité, ainsi que Mme Massenet et notre chère fille, encore tout enfant, à passer le mois d’août à la villa d’Este, en ce pittoresque et merveilleux pays que baigne le lac de Côme. Nous y trouvâmes, avec la belle Mme Giuditta Ricordi, femme très gracieuse de notre aimable hôte, sa fille Ginetta, délicieuse camarade de ma fillette, et ses fils Tito et Manuele, en bas âge alors, grands messieurs depuis. Nous y vîmes également une tout adorable jeune fille, rose à peine fleur, qui, dans ce séjour, travail-