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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/135

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MES SOUVENIRS
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Trois semaines après mon élection, eut lieu à l’Hippodrome, situé à cette époque près du pont de l’Alma, un festival monstre. Plus de vingt mille personnes y assistaient.

Gounod et Saint-Saëns conduisirent leurs œuvres. J’eus l’honneur de diriger le final du troisième acte du Roi de Lahore. Qui ne se souvient encore de l’effet prodigieux de ce Festival, organisé par Albert Vizentini, un de mes plus tendres camarades d’enfance ?

Comme j’attendais dans le foyer mon tour de paraître en public, et que Gounod revenait tout auréolé de son triomphe, je lui demandai quelle impression il avait de la salle :

« J’ai cru voir, me fit-il, la Vallée de Josaphat ! » Un détail assez amusant, qui me fut conté plus tard, est celui-ci :

La foule était considérable au dehors et comme elle continuait toujours à vouloir entrer, malgré les protestations bruyantes des personnes déjà placées, Gounod cria à haute voix et de manière à être bien entendu : « Je commencerai quand tout le monde sera sorti ! » Cette apostrophe ahurissante fit merveille. Les groupes qui avaient envahi l’entrée et les abords de l’Hippodrome reculèrent. Ils se retirèrent comme par enchantement.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le 20 mai 1880 eut lieu, à l’Opéra, le second des Concerts historiques créés par Vaucorbeil, alors directeur de l’Académie nationale de musique.

Il y fit exécuter ma légende sacrée : La Vierge. Mme Gabrielle Krauss et Mlle Daram en furent les principales et bien splendides interprètes.