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MES SOUVENIRS

ments, d’après le métronome, sont si peu les véritables !

Depuis longtemps je laisse aller les choses ; elles vont d’elles-mêmes. Il est vrai que depuis tant d’années on me connaît, que faire choix, décider où je devrais aller me serait difficile. Par où commencer aussi — ce serait dans mes vœux les plus chers — à aller exprimer, en personne, ma gratitude à tous ces directeurs et à tous ces artistes qui connaissent maintenant mon théâtre ? Ils ont pris les devants quant aux indications que j’aurais pu leur donner, et des écarts d’interprétation de leur part sont devenus très rares, beaucoup plus qu’ils ne l’étaient au commencement lorsque directeurs et artistes ignoraient mes volontés et ne pouvaient les prévoir ; quand mes ouvrages, enfin, étaient ceux d’un inconnu pour eux.

Je tiens à rappeler, et je le fais avec une sincère émotion, tout ce que j’ai dû, dans les grands théâtres de province, à ces chers directeurs, d’affectueux dévouement à mon égard : Gravière, Saugey, Villefranck, Rachet, et combien d’autres encore, qui ont droit avec mes remerciements, à mes plus reconnaissantes félicitations.

Pendant l’été 1879, je m’étais installé au bord de la mer, à Pourville, près de Dieppe. Mon éditeur Hartmann et mon collaborateur Paul Milliet venaient passer les dimanches avec moi. Quand je dis avec moi, j’abuse des mots et je m’en excuse, car je ne tenais guère compagnie à ces excellents amis. J’étais habitué à travailler de quinze à seize heures par jour ; je consacrais six heures au sommeil ; mes repas et ma toilette me prenaient le reste du temps. Il faut le consta-