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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/168

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MES SOUVENIRS

évanouissement qui se prolongea et inquiéta beaucoup mes amis.

Ah ! mes chers enfants, qui peut se dire heureux avant la mort ?

Au bout de trois semaines, cependant, le Cid reparut sur l’affiche, et je me sentis, de nouveau, entouré de hautes sympathies, ce dont témoigne, entre autres, la lettre suivante :

« Mon cher confrère,


« Je tiens à vous féliciter de votre succès, et je désire vous applaudir moi-même le plus tôt possible. Le tour de ma loge ne revenant que le vendredi 11 décembre, j’ai recours à vous pour qu’on donne le Cid ce jour-là, vendredi 11 décembre.

« Croyez à tous les sentiments de votre affectionné confrère.

« H. d’Orléans. »


Combien j’étais attendri et fier de cette marque d’attention de S. A. R. le duc d’Aumale !

Je me rappelle toujours ces ravissantes et délicieuses journées passées au château de Chantilly avec mes confrères de l’Institut : Léon Bonnat, Benjamin Constant, Édouard Détaille, Gérôme. Qu’elle était charmante dans sa simplicité, la réception que nous faisait notre hôte royal, et comme sa conversation était celle d’un lettré éminent. d’un érudit sans prétention !... Quel attrait captivant elle avait, lorsque, réunis dans la bibliothèque du château de Chantilly, nous l’écoutions, absolument séduits par la parfaite