applaudie par tant de publics divers pendant l’Exposition ; si cette étoile, si brillamment levée à l’horizon de notre ciel artistique, allait un instant charmer d’autres auditeurs, des grands théâtres de la province arrivaient les échos des succès remportés, dans Esclarmonde, par des artistes renommées, telles que Mme Bréjean-Silver, à Bordeaux ; Mme de Nuovina, à Bruxelles ; Mme Verheyden et Mlle Vuillaume, à Lyon.
Esclarmonde devait, malgré tout, rester le souvenir vivant de la rare et belle artiste que j’avais choisie pour la création de l’ouvrage à Paris ; elle lui avait permis de rendre son nom à jamais célèbre.
Sibyl Sanderson !… Ce n’est pas sans une poignante émotion que je rappelle cette artiste fauchée par la mort impitoyable, en pleine beauté, dans l’épanouissement glorieux de son talent. Idéale Manon à l’Opéra-Comique ; Thaïs inoubliée à l’Opéra, ces rôles s’identifiaient avec le tempérament, l’âme d’élite de cette nature, une des plus magnifiquement douées que j’aie connues.
Une invincible vocation l’avait poussée au théâtre, pour y devenir l’interprète ardente de plusieurs de mes œuvres ; mais aussi, pour nous, quelle joie enivrante d’écrire des ouvrages, des rôles, pour des artistes qui réaliseront votre rêve !
C’est en pensée reconnaissante que, parlant d’Esclarmonde, je lui consacre ces quelques lignes. Les publics nombreux venus à Paris, comme en 1889, de tous les points du monde, ont, eux aussi, gardé le souvenir de l’artiste qui avait été leur joie, qui avait fait leurs délices.