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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/255

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CHAPITRE XXV

EN PARLANT DE 1793



Georges Cain, mon grand ami, l’éminent et éloquent historiographe du Vieux Paris, nous avait réunis un matin de l’été 1905 : la belle et charmante Mme Georges Cain, Mlle Lucy Arbell, de l’Opéra, et quelques autres personnes, pour visiter ensemble ce qui fut, autrefois, le couvent des Carmes, dans la rue de Vaugirard.

Nous avions parcouru les cellules de l’ancien cloître, vu le puits où la horde sanguinaire des septembriseurs jeta les corps des prêtres massacrés, nous étions arrivés à ces jardins demeurés tristement célèbres par ces effroyables boucheries, quand, s’arrêtant dans le chaud et prenant récit de ces lugubres événements, Georges Cain nous montra une forme blanche qui errait au loin, solitaire.

« C’est l’âme de Lucile Desmoulins », fit-il. La pauvre Lucile Desmoulins, si forte et si courageuse