Je ne tardai pas à téléphoner à Claretie. Il resta fort surpris de cet appel lui venant de la rue Vaugirard. Je lui communiquai mes idées sur la scène difficile qui avait occasionné la mise en place du téléphone.
Il s’agissait de la dernière scène.
Je lui téléphonai :
Faites égorger Thérèse et tout sera bien.
J’entendis une voix qui m’était inconnue et qui
poussait des cris affolés (notre fil était en
communication maladroite avec un autre abandonné) ; elle me
hurlait :
Ah ! si je savais qui vous êtes, gredin ! je vous
dénoncerais à la police. Un crime pareil ! De qui
est-il question ?
Subitement la voix de Claretie :
Une fois égorgée, elle ira rejoindre son mari dans la charrette. Je préfère cela au poison !
La voix du monsieur :
Ah ! c’est trop fort ! Maintenant, les scélérats, ils vont l’empoisonner ! J’appelle la surveillante !… Je
veux une enquête !…
Une friture énorme se produisit dans l’appareil, et le calme bienheureux reparut.
Il était temps ; avec un abonné monté à un tel diapason, nous risquions, Claretie et moi, de passer un mauvais quart d’heure ! J’en tremble encore !
Souvent, depuis, je travaillai avec Claretie dialoguant de chaque côté d’un fil, et ce fil d’Ariane con-