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MES SOUVENIRS
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Les Grecs, d’ailleurs, n’agissaient pas autrement dans l’interprétation de leurs hymnes, en alternant le chant avec la déclamation.

Et comme il n’y a rien de nouveau sous les étoiles, ce que nous jugions une innovation moderne n’était que « renouvelé des Grecs », ce dont on peut s’honorer, cependant.

Depuis ce temps, et toujours depuis, j’ai vu les auditeurs très captivés par ces compositions et émus par l’admirable expression personnelle que leur donnait l’interprète.

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Un matin, tandis que j’en étais aux dernières corrections d’épreuves de Panurge, dont le poème m’avait été confié par mon ami Heugel et avait pour auteurs Maurice Boukay. pseudonyme de Couyba, plus tard ministre du Commerce, et Georges Spitzmüller, je reçus l’affectueuse visite de O. de Lagoanère, administrateur général du Théâtre-Lyrique de la Gaîté. Il venait au nom de nos excellents directeurs, les frères Isola, me demander de leur donner Panurge.

À cette démarche, aussi spontanée que flatteuse, je répondis que ces messieurs s’engageaient bien aimablement à mon égard, mais qu’ils ne connaissaient pas l’ouvrage. « C’est vrai, me répliqua aussitôt l’aimable M. de Lagoanère, mais c’est un ouvrage qui vient de vous ! »

On prit date et, séance tenante, le traité fut signé avec les noms des artistes proposés par la direction.

Je me réserve, mes chers enfants, de vous parler plus en détail de Panurge, aussitôt qu’il sera rentré en répétitions.