Aller au contenu

Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
276
MES SOUVENIRS

L’héritier hésita...

« Alors, monsieur, ce sera la seconde classe, l’orchestre de l’Opéra-Comique, des artistes de second plan », suivant la somme.

Nouvelle hésitation...

Le représentant ajouta alors, avec un accent contrit :

« Ce sera donc la troisième classe ; mais je vous préviens, monsieur, que ce ne sera pas gai ! (sic) »

Puisque je suis sur ce terrain, et le mot est bien le mot juste, j’ajouterai que j’ai reçu d’Italie une lettre de félicitations qui se terminait par les salutations d’usage et, cette fois, ainsi conçue :

« Veuillez croire à mes plus sincères… obsèques. » (Traduction libre d’ossequiosita.)

La mort a quelquefois des côtés aussi amusants que la vie en a de tristes.

Cela me fait souvenir de la fidélité avec laquelle les frères Lionnet suivaient les enterrements.

Était-ce sympathie pour les défunts, ou bien ambition de voir leurs noms au nombre de ceux des personnes de distinction citées à cette occasion, par les journaux ? On n’a jamais pu savoir.

Étant un jour de cortège funèbre, Victorien Sardou entendit l’un des frères Lionnet parler avec un de ses voisins et lui dire, l’air navré, en lui donnant de tristes nouvelles de la santé d’un ami : « Allons, ce sera à lui bientôt ! »

Ces mots éveillèrent l’attention de Sardou, qui s’exclama, en montrant les frères Lionnet : « Non seulement ils suivent tous les enterrements, mais ils les annoncent ! »