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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/283

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MES SOUVENIRS
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Aucun artiste, ai-je dit, ne se serait senti heureux s’il n’avait pas participé à cette soirée en lui accordant son généreux concours. Notre vaillant président Adrien Bernheim, avait, après quelques paroles chaleureusement patriotiques, obtenu de tous les professeurs de l’orchestre de l’Opéra qu’ils viendraient répéter les différents actes, intercalés dans la soirée, à six heures vingt-cinq du soir. Personne ne dîna ; tout le monde fut au rendez-vous !

À vous tous, mes amis, mes confrères, mes remerciements émus !

Je n’ai point à apprécier moi-même ce que fut cette fête, à laquelle je pris une part si personnelle…

Il n’y a pas de circonstances, si belles et si sérieuses qu’elles soient dans la vie, auxquelles ne se mêle parfois un incident qui leur fait contraste.

Tous mes amis voulaient témoigner de leur empressement à assister à la soirée de l’Opéra, Il se trouva parmi eux un fidèle habitué des théâtres qui tint à venir m’exprimer ses regrets de ne pouvoir assister à cette fête. Il avait perdu tout récemment son oncle, qu’on savait millionnaire et dont il était héritier.

Je lui présentai mes condoléances et il partit.

Le plus drôle, c’est que je devais apprendre fortuitement l’étrange conversation qu’à l’occasion des funérailles de cet oncle, il avait eue avec le représentant des pompes funèbres.

« Si monsieur désire, avait dit ce dernier, un service de première classe, il aura l’église entièrement tendue de noir aux armes du défunt, l’orchestre de l’Opéra, les premiers artistes, le catafalque le plus monumental », suivant la somme :