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MES SOUVENIRS

Sans une gêne bien naturelle, mes chers enfants, il me serait difficile de vous parler de la superbe première représentation de Roma. Je me permettrai donc, laissant ce soin à autrui, de reproduire les impressions que chacun pouvait lire le lendemain dans la presse :

« L’interprétation — une des plus complètement belles à laquelle il nous a été donné d’applaudir — a été en tous points digne de ce nouveau chef-d’œuvre de Massenet.

« Chose remarquable et qu’il faut d’abord noter : tous les rôles de Roma sont, au point de vue théâtral, ce qu’on appelle de bons rôles. Tous comportent, pour leurs interprètes, des effets de chant et de jeu qui sont de nature à soulever l’admiration et les bravos du public.

« Cela dit à l’éloge de l’œuvre, félicitons ces merveilleux interprètes, dans l’ordre de la distribution portée au programme :

« Mlle Kousnezoff, dont la jeunesse, la fraîche beauté et la voix superbe de soprano dramatique ont été un régal des yeux et des oreilles, fut et demeurera longtemps la plus jolie et la plus séduisante Fausta qu’on puisse souhaiter.

« Le rôle particulièrement dramatique de l’aveugle Posthumia a été pour la grande tragédienne lyrique qu’est Mlle Lucy Arbell l’occasion d’une création qui comptera parmi les plus extraordinaires de sa brillante carrière. Drapée avec un sens esthétique parfait dans un sombre et beau péplum de soie gris fer, le visage artificiellement vieilli, mais d’une pure beauté de lignes classiques, Mlle Lucy Arbell a profondé-