il serait devenu officier de la Légion d’honneur, accompagnée de plusieurs autres ordres, il n’aurait pas porté une rosette… mais une rosace !…
Enfin je fus appelé.
Le morceau de concours était le concerto en fa mineur de Ferdinand Hiller. On prétendait alors que la musique de Ferdinand Hiller se rapprochait tant de celle de Niels Gade, qu’on l’aurait prise pour du Mendelssohn !…
Mon bon maître, M. Laurent se tenait près du piano. Quand j’eus terminé — concerto et page à déchiffrer — il m’embrassa, sans s’inquiéter du public qui remplissait la salle, et je me sentis le visage tout humide de ses chères larmes.
J’avais déjà, à cet âge, l’esprit du doute dans le succès… et j’ai toujours fui, durant ma vie, les répétitions générales publiques et les premières, trouvant qu’il était mieux d’apprendre les mauvaises nouvelles… le plus tard possible.
Je rentrai à la maison, courant comme un gamin. Je la trouvai vide, car ma sœur avait assisté au concours. Cependant, à la fin, je n’y tenais plus ; je me décidai à retourner au Conservatoire : et tant j’étais agité, je le fis toujours en courant. J’étais arrivé au coin de la rue Sainte-Cécile, lorsque je rencontrai mon camarade Alphonse Duvernoy, dont la carrière de professeur et de compositeur fut si belle. Je tombai dans ses bras. Il m’apprit, ce que j’aurais déjà dû savoir, que M. Auber, au nom du jury, venait de prononcer une parole fatidique : « Le premier prix de piano est décerné à M. Massenet. »
Dans le jury se trouvait un maître, Henri Ravina,