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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/355

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MES DISCOURS
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prix, il les cueille de haute lutte pour finir à la Villa Médicis. À Rome même, il se remet à concourir — c’était sa marotte — pour un prix d’opéra-comique institué par l’État et naturellement — c’était sa manie — le voilà couronné avec sa partition du Florentin, œuvre de jeunesse pleine d’une verve charmante en bien des endroits. Puis ce fut la Messe de Requiem, celle-ci de premier ordre, je ne crains pas de l’affirmer, et qu’on peut mettre à côté des plus célèbres oeuvres du genre.

Il eut plus de peine à forcer la porte des théâtres. Pourtant on ne peut oublier les belles pages de Velléda, donnée au théâtre Covent-Garden de Londres avec Adelina Patti pour principale interprète, non plus que celles d’une Jeanne d’Arc, un drame lyrique en trois parties, qui eut la curieuse fortune d’être représenté sous les voûtes mêmes de la cathédrale de Rouen et dont la réussite très vive eut du retentissement.

Lenepveu aimait à raconter la conversation qu’il eut à la suite de ce succès avec notre grand Gounod, qui se plaisait à le féliciter dans les termes hyperboliques et imagés dont il était coutumier : « Ah ! cher ami, quelle œuvre ! J’en ai été remué jusqu’au tréfonds de mon être intime. Votre piété de musicien est de l’améthyste pure sertie dans de l’or vierge et votre cerveau de penseur recèle des trésors insoupçonnés, des pierres précieuses qui ruissellent pour les seuls élus. » Et Lenepveu de se confondre en remerciements et de « boire du petit-lait », comme il disait : « Ah ! mon illustre maître, que je suis confus de vos éloges, que je vous suis reconnaissant d’avoir