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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/64

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MES SOUVENIRS

vrée. Un simple buste en terre cuite orne la façade de cette maison à moitié détruite ! De là nous nous rendîmes à Amalfi, qui fut autrefois presque la rivale de Venise, tant son commerce avec l’Orient était considérable.

À Amalfi, nous habitâmes un hôtel qui avait jadis servi de couvent à des capucins.

Si en touchant à l’écouvillon d’un canonnier malpropre, Napoléon Ier attrapa la gale, nous devons à la vérité de dire que, le lendemain de la nuit que nous y passâmes, nous étions tous les trois couverts de poux ! Il fallut nous faire raser court, ce qui devait ajouter à la ressemblance qu’on s’était plu à nous trouver avec les forçats !

Nous nous consolâmes de l’aventure en prenant une barque à voile qui nous conduisit à Capri.

Partis d’Amalfi à 4 heures du matin, nous n’arrivons à Capri qu’à 10 heures du soir…

Quelle île délicieuse, à l’aspect enchanteur ! D’un périmètre de quinze kilomètres, au sommet du mont Solaro elle se trouve à 1800 pieds au-dessus du niveau de la mer. Du mont Solaro l’œil découvre l’un des plus beaux et des plus vastes horizons dont on puisse jouir en Italie.

En allant à Capri, nous fûmes surpris, loin de la côte, par un orage épouvantable. Le bateau portait une énorme quantité d’oranges. Les lames furieuses les balayèrent toutes, au grand désespoir des mariniers, qui hurlaient à qui mieux mieux en invoquant san Giuseppe, le patron de Naples.

Une jolie légende veut que saint Joseph, attristé du départ de Jésus et de la Vierge Marie dans le ciel, ait