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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/78

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MES SOUVENIRS

J’ajoute que cette maladie ne fut que passagère et que je pus terminer dix pièces pour le piano, que l’éditeur Girod me paya deux cents francs. Un louis par page ! Je dois à ce bienfaisant éditeur le premier argent gagné avec ma musique.



La santé de Paris s’était améliorée.

Le 8 octobre, mon mariage se fit dans la vieille petite église du village d’Avon, près de Fontainebleau.

Le frère de ma femme et mon nouveau cousin, l’éminent violoniste Armingaud, créateur de la célèbre société de quatuors, furent mes témoins. Il y en eut d’autres cependant. C’était une compagnie de moineaux qui avaient passé par les vitraux en mauvais état et qui piaillaient à qui mieux mieux, à ce point qu’ils nous empêchèrent presque d’entendre l’allocution du brave curé.

Ses paroles furent un hommage attendrissant adressé à ma nouvelle compagne, et un encouragement pour mon avenir si incertain encore.

Au sortir de la cérémonie nuptiale, nous allâmes nous promener à pied dans la belle forêt de Fontainebleau. Là il me semblait entendre, au milieu de la magnificence de cette nature toute en verdure, empourprée des chauds rayons d’un bon soleil, caressée par le chant des oiseaux, le tendre et grand poète, Alfred de Musset, me dire :


Aime et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.