Herold, M. Auber, Ambroise Thomas, Victor Massé, Gounod, Meyerbeer !…
J’allais connaître les tribulations d’un auteur. Mais j’en étais si heureux !
Un premier ouvrage, c’est la première croix d’honneur ! C’est le premier amour !
Moins la croix, j’avais tout.
La première distribution était : Marie Roze, dans toute la splendeur de sa jeune beauté et de son talent ; Victor Capoul, adoré du public, et Mlle Girard, la chanteuse et la comédienne spirituelle qui faisait les délices de l’Opéra-Comique.
Nous étions prêts à descendre en scène lorsque la distribution chavira. On m’enleva Marie Roze et on la remplaça par une jeune débutante de dix-sept ans, Marie Heilbronn, cette artiste à laquelle, dix-sept ans plus tard, je devais confier la création de Manon.
À la première répétition d’ensemble avec l’orchestre, je n’eus pas conscience de ce qui se passait, tant j’étais occupé d’écouter celui-ci, celui-là et toutes les sonorités, ce qui ne m’empêcha pas de dire à tous que j’étais complètement satisfait et heureux.
J’eus le courage d’assister à la première dans les coulisses, ces coulisses qui me rappelaient l’Enfance du Christ, de Berlioz, à laquelle j’avais assisté en cachette.
Ah ! mes enfants, apprenez que cette soirée fut aussi émouvante qu’elle fut comique !
Je passai tout l’après-midi dans une fébrile agitation.
À chaque affiche que je voyais, je m’arrêtais, pour regarder ces mots fascinateurs, si gros de promesses :