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Page:Massenet - Mes souvenirs, 1912.djvu/84

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MES SOUVENIRS

La salle s’amusait, en effet, mais voici ce qui se passait :

La scène se déroulait en Bretagne par une nuit d’orage et de tempête. Mlle Girard venait de chanter une prière, face au public, lorsque Capoul entra, en disant ces mots du poème :


Quel pays ! Quelles fondrières !… Pas un habitant !


lorsque apercevant de dos Mlle Girard, il s’écria :


Enfin… voici donc un visage !


À peine prononcée, cette exclamation avait déchaîné les rires que nous avions entendus… La pièce, cependant, continua sans autre incident.

On bissa les couplets de Mlle Girard.


Les filles de la Rochelle


On acclama Capoul, et l’on fit grande fête à la jeune débutante, Heilbronn.

L’opéra se terminait sur des applaudissements sympathiques, quand le régisseur vint pour annoncer les noms des auteurs. Au même moment, un chat traversait la scène ; ce fut une cause nouvelle d’hilarité, et tellement grande, celle-ci, que les noms des auteurs ne furent pas entendus.

C’était jour de malchance. Deux aventures dans la même soirée pouvaient faire craindre que la pièce tombât ! il n’en fut rien cependant, et la presse se montra vraiment indulgente ; sa griffe, pour nous apprécier, se ganta de velours.