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Loth, dans Sodome ; les trois enfants juifs, dans Babylone.

À des figures si effrayantes auraient succédé les expressions des prophètes ; vous auriez vu dans Isaïe les élus aussi rares que ces grappes de raisin qu’on trouve encore après la vendange, et qui ont échappé à la diligence du vendangeur ; aussi rares que ces épis qui restent par hasard après la moisson, et que la faux du moissonneur a épargnés.

L’Évangile aurait encore ajouté de nouveaux traits à la terreur de ces images : je vous aurais parlé de deux voies, dont l’une est étroite, rude, et la voie d’un très-petit nombre ; l’autre, large, spacieuse, semée de fleurs, et, qui est comme la voie publique de tous les hommes ; enfin, en vous faisant remarquer que partout dans les livres saints la multitude est toujours le parti des réprouvés ; et que les élus, comparés au reste des hommes, ne forment qu’un petit troupeau qui échappe presque à la vue, je vous aurais laissés, sur votre salut, dans des alarmes toujours cruelles à quiconque n’a pas encore renoncé à la foi, et à l’espérance de sa vocation.

Mais que ferais-je en bornant tout le fruit de cette instruction à vous prouver seulement que très-peu de personnes se sauvent ? Hélas ! je découvrirais le danger, sans apprendre à l’éviter ; je vous montrerais, avec le prophète, le glaive de la colère de Dieu levé sur vos têtes, et je ne vous aiderais pas à vous dérober au coup qui vous menace ; je troublerais les consciences, et je n’instruirais pas les pécheurs.

Mon dessein donc aujourd’hui est de chercher dans nos mœurs les raisons de ce petit nombre. Comme chacun se flatte qu’il n’en sera pas exclu, il importe d’examiner si sa confiance est bien fondée. Je veux, en vous marquant les causes qui rendent le salut si rare, non pas vous faire conclure en général que peu seront sauvés, mais vous réduire à vous demandera vous-mêmes si, vivant comme vous vivez, vous pouvez espérer de l’être : qui suis-je ? que fais-je pour le ciel ? et quelles peuvent être mes espérances éternelles ?

Je ne me propose point d’autre ordre dans une matière aussi importante. Quelles sont les causes qui rendent le salut