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LA COMTESSE BERTRAND

supportant sa tête petite, contrastée du noir des yeux au clair de la chevelure. Après la campagne de 1809, durant l’armistice, elle rejoignit à Vienne son mari qui, pour le passage du Danube, avait reçu le grand aigle de la Légion ; elle fut de sa reconnaissance en Croatie ; elle prit sa belle part des fêtes et divertissements du mariage autrichien et pensa que l’Archiduchesse, elle aussi, avait trouvé son Bertrand ; elle fit encore un voyage d’ingénieur en Hollande, mais ce n’étaient là que préliminaires. Le 9 avril 1811, le comte Bertrand fut nommé gouverneur général des Provinces illyriennes, ce qui le mettait au rang des grands dignitaires. « Ah ! çà, comtesse Fanny, dit l’Empereur, vous allez là-bas remplacer le roi Marmont. Avez-vous un bon cuisinier ? — Sire, répondit Mme Bertrand, je conduis avec moi celui que j’ai ici à mon service et qui possède une grande réputation. — Ce n’est pas assez reprit l’Empereur. Il vous en faut deux, avec un officier de bouche, un bon maître d’hôtel, et vous irez à six chevaux, entendez-vous bien, Madame la Gouvernante ? » Et ainsi fut-il.

Peu à peu, Mme Bertrand avait déployé son caractère. Elle était dominante et formelle, n’admettait guère qu’on lui résistât et eût volontiers usé, pour emporter une plus prompte obéissance, de moyens énergiques. Avec la domesticité, ils ne lui réussissaient plus, car, en France, « il y avait quelque chose de changé », mais, à Laybach, ils étaient de mise. Elle emmena une bonne partie de