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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

relles avec l’Empereur, qui s’est toujours piqué d’exactitude pour les autres. Plusieurs fois on l’a attendue pour passer à table ; une fois elle arrive lorsque l’Empereur a pris place dans la salle à manger avec sa mère et sa sœur. Elle veut s’excuser. « Madame, lui dit l’Empereur, ce n’est pas bien ni poli que vous vous fassiez attendre. » Elle demeure interdite, pleure un peu, et la princesse Pauline détourne les chiens. Mais il lui en est resté une sorte de dépit, et, sous le prétexte de sa santé, elle s’abstint de sortir, de se promener, de dîner chez l’Empereur. D’ailleurs elle était accouchée, au mois d’août, d’un enfant qui mourut au mois d’octobre, par une déplorable erreur du pharmacien. Toute sa famille anglaise compatissait à « pauvre Mme Bertrand, très ennuiée à Elbe » ; Lady Jerningham disait : « Elle l’écrit à sa mère à Paris, mais, je pense, le climat sera bon pour elle. » L’Empereur, lorsque, au jour de l’an 1815, elle était venue lui présenter ses vœux, n’avait eu pour elle que des caresses, mais rien n’y faisait. Tout comme sa cousine l’Impératrice, hors de Paris, cette créole pensait mourir. Aussi, à peine l’Empereur sorti de l’île d’Elbe, elle n’écouta rien ni personne. L’ordre était qu’elle suivit Madame mère et la princesse Pauline ; elle s’embarqua, malgré Madame, avec ses trois enfants, ses domestiques et quelques femmes d’employés de la Maison, sous la conduite d’un sieur Mialaret, contrôleur des Droits réunis (celui dont la fille fut