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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

tion de conseiller d’État fut confirmée, et il fut nommé président de la Commission des pétitions. Après Waterloo, il fut, avec Montholon, seul à prendre le service de chambellan que, jusque-là, il n’avait jamais rempli. Il le continua à Malmaison, et ce fut là qu’il résolut d’accompagner l’Empereur où qu’il allât. Napoléon, qui le connaissait à peine, le regarda avec étonnement lorsqu’il « le supplia de lui permettre d’attacher à jamais sa destinée à la sienne ». « Savez-vous où cela peut vous mener ? lui dit-il. — Je n’ai, à cet égard, fait aucun calcul, répondit Las Cases, mais le plus ardent de mes désirs sera satisfait si vous m’accordez ma demande. — Bien, bien ! » fit l’Empereur. Et Las Cases, prenant ces mots comme un assentiment, courut à Paris pour préparer quelques bagages ; pour se munir d’argent, dont il emporta assez pour n’être nulle part embarrassé ; pour faire sortir du Lycée son fils aîné âgé de quinze ans, mais d’une raison, d’un tact et d’un développement bien supérieurs à son âge, et qu’il voulait emmener ; pour embrasser enfin sa femme et ses autres enfants qui, pensait-il, ne tarderaient pas à le rejoindre, — il y a, en effet, quantité de demandes que forma pour cet objet Mme de Las Cases-Kergariou.

Celle-ci avait eu une existence singulièrement traversée. Son fiancé l’avait quittée en 1791 pour rejoindre l’Armée des Princes, et ne l’avait revue, assure-t-on, qu’en 1799, où, au risque de sa vie, il