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LES PRÊTRES. — LE MÉDECIN

fluences, d’être envoyé à Napoléon, trouva le moyen de se rendre suspect à la fois aux Anglais et aux Français, et, après quelques mois d’un séjour qui demeure une énigme, fut ramené en Angleterre ; puis, en récompense de son hypothétique dévouement de six mois, reçut des pensions et des secours moyennant lesquels il vécut largement près d’un demi-siècle en parcourant l’Europe en tous sens.

À Sainte-Hélène, nul ne l’avait demandé, nul ne l’attendait, nul ne le regretta, et c’est en vérité un mystère qui s’attache à cet homme devant qui, sans aucune raison que l’on perçoive, s’abaissent les barrières, se lèvent les consignes, qui apparaît devant l’Empereur sous un uniforme auquel il n’a aucun droit, qui s’installe, se fait tolérer, ment à l’heure, ne sert à rien, repart sans qu’on en sache mieux la raison que celle de sa venue, et qui probablement n’est, cet individu qui a joué sous jambe le gouvernement anglais, l’empereur Napoléon, la Sardaigne, l’Autriche, la Russie et le reste de l’Europe, qu’un chevalier d’industrie.

Attendus, par contre, même attendus avec une impatience fiévreuse, le prêtre que le cardinal Fesch, sur la demande de l’Empereur, obtint d’envoyer à Sainte-Hélène et le médecin qui dut remplacer O’Meara.

Fesch, sans consulter qui que ce soit de la Famille, avait choisi trois Corses, les plus impropres à coup sûr et les moins préparés à une telle mission :