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LE COMTE BATHURST

lettre qui sera adressée soit à lui, soit aux personnes de sa suite ; pour confisquer toute lettre ou tout objet qui n’aura pas été transmis à Sainte-Hélène par le secrétaire d’État ; pour transformer sous son bon plaisir l’île entière en une prison d’où sera expulsée toute personne suspecte, où nul bateau de pêche, nul navire étranger, nul bâtiment de commerce ne pourra aborder. Cet homme sera juge de tout ce qu’il conviendra de permettre au prisonnier ; il ordonnera de la maison qu’on enverra et qu’on bâtira à Sainte-Hélène et des meubles qu’on y placera ; « l’intention du gouvernement de Sa Majesté est que les appartements occupés par Napoléon Buonaparte soient convenablement meublés ; mais que cependant on évite soigneusement les dépenses superflues ; les meubles doivent être solides et bien choisis, mais sans aucune dépense superflue ».

Ainsi eût parlé Lancelot Bathurst, alderman de Londres. Malgré ses titres et ses dignités, l’arrière-petit-fils n’a point appris à être un grand seigneur et il demeure un marchand de la Cité…

Trouvera-t-on, dans l’armée anglaise, un officier général disposé, comme écrit Bathurst lui-même au duc de Wellington, à accepter « une situation d’autant de contrainte, de responsabilité et d’exclusion de la société » ?

Certes les avantages d’argent sont considérables : en dehors du traitement de grade (pour un lieutenant général, 2 000 livres, 50 000 francs), le traitement