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LA MAISON DE L’EMPEREUR

À cette distance, Bertrand ne pouvait conserver la direction efficace de la maison ; on ne manqua point de l’en dépouiller, tout en lui conservant les honneurs de la place et, comme dit Las Cases, « le commandement et la surveillance du tout en grand » : M. de Montholon se fit attribuer tous les détails domestiques, M. Gourgaud eut la direction de l’écurie, Las Cases le détail des meubles avec l’administration intérieure de ce qui serait fourni. « Cette dernière partie lui semblait tellement en contact avec les détails domestiques et il trouvait que l’unité sur ce point devait être si avantageuse au bien commun qu’il se prêta le plus qu’il put à s’en faire dépouiller : ce qui ne fut ni difficile, ni long. »

M. de Montholon se trouva donc réunir tous les pouvoirs que lui abandonnaient également Bertrand et Las Cases, et, sauf à l’écurie, il régna. Lui seul traita avec les fournisseurs et donna les ordres aux gens. Lui seul forma les plaintes, à propos de la nourriture, des viandes, des poulets et des légumes. Comme il s’entendait à merveille à tout ce qui était de la table et de la tenue de maison et qu’il portait à être bien traité d’étonnantes exigences, il ne se rendait pas seulement personnellement ridicule par ses désespoirs si un plat manquait, et par ses joies s’il découvrait une cuisinière experte, mais il entraînait l’Empereur à des récriminations, dont le Grand maréchal et même Gourgaud s efforçaient de le détourner et