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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

bolir tout moyen qu’eût eu Napoléon de communiquer avec l’Europe, d’y porter ses plaintes, d’y faire valoir ses griefs ; car tel était l’Empereur qu’il rendait le geôlier responsable du traitement qu’il subissait, ne pouvant admettre qu’une grande nation assumât, devant la postérité, la honte du traitement qu’on lui faisait subir.

Par le fait même de l’Empereur, Hudson Lowe réalisait ainsi un des objets qui lui avaient été proposés et qu’il tenait comme essentiels pour assurer la garde du prisonnier : la séquestration. Non seulement il avait coupé toutes les communications que l’Empereur eût pu adresser à des personnages du dehors ou même à des habitants de l’Île ; il était parvenu, grâce à une persévérance obstinée, à écarter les visiteurs et à donner à l’Empereur les apparences d’une misanthropie aussi contraire à son caractère que nuisible à ses intérêts. Les quelques personnes qui, des habitudes données par Sir George Cockburn, avaient gardé celle de venir à Longwood et d’y fréquenter même dans une sorte d’intimité, allaient bientôt regagner l’Europe, soit que leur temps de service fût achevé ou que leurs affaires les y rappelassent, et Lowe se tiendrait alors pour certain que nulle parole de son prisonnier ne serait répétée hors de Longwood.

Si, à des personnages d’importance allant à la Chine ou aux Indes, ou en revenant, il ne pouvait fermer les portes de la prison ; s’il était obligé