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LE BUSTE DU ROI DE ROME

mais ces erreurs ne sont point involontaires, comme est celle de Livourne où l’enfant n’alla jamais, et encore moins avec sa mère…

Radovitch tombe malade sitôt le Baring en rade. Lowe se met en possession du buste et il délibère, même il consulte. Doit-il attendre des instructions de Lord Balhurst ? N’est-ce pas, ce buste, un signe de reconnaissance ? Ne renferme-t-il pas une correspondance ? Cela se pourrait, lui dit-on, s’il était en plâtre, mais il est en marbre ! Cet argument lui semble si fort que, le 10 juin, après douze jours de réflexions, il se détermine à venir chez le Grand maréchal pour lui parler du buste. Or, dès le lendemain de l’arrivée du Baring, l’Empereur a su que ce buste était à bord et il a bâti sur cet envoi tout un système. On lui a rapporté les délibérations de Lowe et de son adjudant : supprimer le buste, le briser, le jeter à la mer. Il guette le gouverneur, et, dès lors, il a fait de cette affaire un de ses griefs dans des notes qu’il a dictées à Montholon. Lowe expose au Grand maréchal « qu’un statuaire de Livourne a fait un mauvais buste du fils de l’impératrice Marie-Louise et l’a envoyé à Sainte-Hélène par le Baring ; il n’en a pas fixé le prix, mais il espère cent louis de la générosité du général Buonaparte ; cette prétention est si exorbitante qu’elle doit suffire pour que le buste ne soit pas accepté, car c’est évidemment une honteuse spéculation de quelque mauvais sculpteur toscan ». À l’appui de son dire, Lowe communique à Ber-