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LE RENVOI DE LAS CASES

contre lui. D’ailleurs, tout était invraisemblable dans cette histoire : la proposition de James Scott, la confiance que Las Cases lui avait témoignée aussitôt, l’impossibilité matérielle que Scott remît à Lucien Bonaparte, à Rome, la lettre qui lui était destinée, le peu d’urgence et le médiocre intérêt de ces documents pour lesquels Las Cases risquait son renvoi et la pendaison de son ancien domestique.

Sans doute, Las Cases annonce qu’il a déjà, sur une bande de ce même taffetas gommé, fait passer en Europe la protestation de l’Empereur contre le traité du 2 août ; il révèle même qu’il l’a adressée à Lord Holland, mais on ne saurait croire que c’ait été par cette voie que Lord Holland en a eu connaissance. D’ailleurs, ce qui a pu réussir, dans des conditions différentes, avec la connivence d’un Anglais, pour un intérêt majeur, sous le bon plaisir et par ordre de Napoléon, devait-il être tenté, avec toutes les chances contre soi, sans l’autorisation ni l’agrément de l’Empereur, pour expédier en Europe un document qui n’importait ni à la politique, ni à la gloire, ni à la vie de Napoléon, et qui ne pouvait avoir pour objet que de mettre en relief la personnalité de Las Cases ?

C’était là la plus favorable hypothèse, celle où les lettres parviendraient aux mains de Lady Clavering et de Lucien Bonaparte, et que celui-ci donnerait au factum qui lui était adressé la plus large publicité… dans le Diario romano, dans les