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NAPOLÉON NE VEUT PARTIR QU’EN SOUVERAIN

quer la visite des croisières anglaises et à s’y dérober par un déguisement.

Napoléon trouve de sa dignité de ne partir qu’en souverain ; si donc il ne reçoit point de passeports, il ne lui reste qu’à se livrer aux Anglais, car, à forcer le passage et à combattre la croisière anglaise, y a-t-il songé ? Decrès, lui, y a pensé. Il voit plus juste que l’Empereur la situation ; ministre des marins, averti des ignominies des pontons anglais, il sait ce que vaut l’hospitalité britannique. L’Empereur doit tout affronter pour s’y soustraire, et passer coûte que coûte. S’il a dû subir les ordres de la Commission de Gouvernement, Decrès n’en a pas moins, depuis le début, témoigné à l’Empereur sa bonne volonté, et sa conduite contraste avec celle de Davout et celle de Caulaincourt. Par les instructions antérieures qu’il a données aux commandants de la Méduse et de la Saale, il a prévu jusqu’aux moindres détails d’installation, mais à présent ses ordres portent sur la sortie de vive force. Il écrit au préfet maritime, dans une lettre datée du 27, mais expédiée seulement le 28 : « Quoique j’aie désigné la Saale pour recevoir la personne de l’Empereur, s’il est reconnu cependant que la Méduse a sur la Saale l’avantage de la marche, Napoléon serait embarqué sur la meilleure marcheuse, et les capitaines Philibert et Ponée changeraient de commandement. » Philibert passait pour un des meilleurs manœuvriers de la marine, et il avait fait ses preuves de