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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

des royalistes, communiquer avec la croisière anglaise, c’est-à-dire demander un asile en Angleterre. — Il est vrai que, sur la lettre de M. de Bonnefoux, toute idée de sortir à bord d’une des frégates a dû être écartée.

De Niort, comme ci-devant de Malmaison, l’Empereur ne peut se décider à aller plus avant. Son frère Joseph, parti de Paris après lui, vient le voir ; Mme Bertrand, accompagnée de ses enfants, rejoint ; puis des généraux. Plus les avis sont nombreux, plus ils diffèrent, plus l’incertitude augmente. N’osant agir en geôlier, mais parlant en Mentor, Beker insiste pour que l’Empereur se rende à Rochefort, et il se trouve appuyé par le préfet, dont le dévouement ne fait point doute. Au reste, à Niort, sauf quelques émigrés et quelques Vendéens qui se terrent, il n’y a qu’un cœur, et il est « bleu ». C’est Niort, la dernière ville où l’Empereur sera traité en souverain : quand, le 3 juillet, à quatre heures du matin, il part, le préfet est sur le perron de l’hôtel pour présenter ses devoirs, et, à la portière de la voiture, trotte le colonel de gendarmerie dans sa plus belle tenue.

Le même jour, à huit heures du matin, l’Empereur entre à Rochefort : « Il a reçu, écrit Beker, de la part des habitants des contrées que nous avons traversées, les témoignages de leurs regrets, de leur respect et de leur enthousiasme pour sa personne. » Il descend à la préfecture maritime, où le préfet, si malade l’avant-veille, se trouve