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V
AU LECTEUR

rentre dans les rêves qui ne sont permis à un vieillard qu’à l’expresse condition qu’il en sache la vanité. Aussi bien je ferai de mon mieux, comme j’ai fait jusqu’ici et, j’espère, jusqu’au bout. Mais faire de mon mieux, cela est peu. Si j’avais pu garder quelque illusion sur cette œuvre de ma vie, les injures dont je suis l’objet auraient dû m’enseigner la modestie ; comment se fait-il donc qu’elles m’aient surtout appris l’orgueil ? Nul ne peut faire que je ne sois resté constamment et uniquement fidèle au drapeau auquel je me suis attaché et à la cause que je sers. Quant à mes livres, si souvent et si audacieusement démarqués, il ne me semble pas que les outrages en aient compromis la solidité.

Je ne suis rien qu’un chercheur de vérité : s’il m’est arrivé de satisfaire mon esprit en croyant la trouver et ma conscience en m’efforçant de la dire, si je me suis fait comprendre et que j’aie touché a mon but, qu’importe que mes phrases paraissent à quelques-uns malhabiles et peu correctes. Elles auront tout de même, dans la mesure où elles pouvaient agir, contribué, à l’œuvre de salut et de glorification nationale. Et c’est assez.