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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

coulassent à pic, et cela arriva. On en était encore à la curiosité, sans doute, mais elle tournait à l’enthousiasme. Les femmes portaient à leur corsage des œillets rouges et en agitaient des bouquets : autant que les hommes, elles poussaient des acclamations. Cela pouvait-il être toléré ? D’ailleurs, Lord Keith était informé qu’un writ avait été obtenu d’un magistrat, à l’effet d’obliger qu’on mît Buonaparte à terre, et qu’un homme de loi était en route pour venir le signifier. Or, il fallait gagner encore quelques jours : d’une part, pour que le traité réglant avec l’Europe le sort de l’Empereur eût été signé ; d’autre part, pour que, à défaut du Bellerophon, hors d’état d’entreprendre le voyage de Sainte-Hélène, le Northumberland, qui devait y mener l’Empereur, fut complètement prêt. Que faire ?

« Buonaparte nous donne beaucoup de trouble à Plymouth, écrit, le 3 août, Lord Liverpool à Lord Castlereagh. Nous avons été obligés de donner ordre au navire, par télégraphe, de croiser jusqu’à ce que le Northumberland puisse faire route. Nous avons eu des preuves abondantes qu’il eût été tout à fait impraticable de le détenir ici sans les plus graves inconvénients. » Et le 4 : « Trouvant, d’après le rapport fait par Sir Harry Bunbury lors de son arrivée hier, et d’après les lettres qu’écrit Lord Keith, que de considérables inconvénients résultaient du concours de peuple dans la baie de Plymouth, aussi bien que de l’esprit d’opposition