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PROTESTATION DE L’EMPEREUR

ce congrès de souverains qu’éclairait la Sainte Trinité ?

Napoléon se devait au moins de protester. Il rédigea, le 4, protestation qu’il remit, le 5, à Maitland et à Keith : « Je proteste solennellement ici, à la face du ciel et des hommes, contre la violence qui m’est faite, contre la violation de mes droits les plus sacrés, en disposant par la force de ma personne et de ma liberté. Je suis venu librement à bord du Bellerophon. Je ne suis pas le prisonnier, je suis l’hôte de l’Angleterre. J’y suis venu à l’instigation même du capitaine, qui m’a dit avoir des ordres du Gouvernement de me recevoir et de me conduire en Angleterre avec ma suite, si cela m’était agréable… Si le Gouvernement, en donnant des ordres au capitaine du Bellerophon de me recevoir ainsi que ma suite, n’a voulu que me tendre une embûche, il a forfait à l’honneur et flétri son pavillon…

« J’en appelle à l’histoire : elle dira qu’un ennemi qui fit vingt ans la guerre au peuple anglais vint librement, dans son infortune, chercher un asile sous ses lois. Quelle plus éclatante preuve pouvait-il lui donner de son estime et de sa confiance ? Mais comment répondit-on, en Angleterre, à une telle magnanimité ? On feignit de tendre une main hospitalière à cet ennemi et on l’immola. »

Ces paroles demeurent : l’histoire les recueille comme l’expression exacte et définitive des événements. Que Napoléon rencontrât des obstacles