Page:Masson - Alfred de Vigny, 1908.djvu/24

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l6 ALFRED DE VIGNY sombre duel (i) », où il s’épuisa, cette résistance douloureuse, où il connut, en l’aimant, la consolante « majesté des souffrances humaines (2) », résume son histoire tout entière ; et c’est par la contradiction de son âme et de sa destinée que s’expliquent sa vie, ses idées et son art. I LA VIE La Destinée l’avait fait aristocrate : « Le noô/e et Xignoble, disait-il, sont les deux noms qui distinguent le mieux, à mes yeux, les deux races d’hommes qui vivent sur la terre (3). » Pour lui, il était de race noble dans tous les sens du mot, « le gentilhomme par excellence », comme dit très justement Lamartine (4). Et, quelque effort qu’il ait jamais pu tenter pour se défaire de ce qu’il nommait un « préjugé (5) », la noblesse et (i) Les Destinées, Poésies, p. i8i. (2) La Maison du Berger, id., p. 196. {"S) Journal, p. 71. ^) Souvenirs et portraits, t, III, Paris, Hachette, 1872^ p. 143. {S) Journal, p. 162 ; cf. id., p. 226, note.