Page:Masson - Alfred de Vigny, 1908.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ALFRED DE VIGNY 17 Tancienneté de sa race, — qu’il s’exagérait d’ailleurs, — lui laissaient une volupté secrète, d’autant plus chère qu’elle n’osait s’avouer. Si l’orgueil prend ton cœur quand le peuple me nomme, disait-il à Eva, que de mes livres seuls te vienne ta fierté (i) ! Mais c’était là le vœu réfléchi et volontaire d’une âme haute, éprise des idées, et cherchant sa gloire en elles seules. Quand il s’abandonnait à l’instinct d’hérédité, plus fort que toute réflexion, il trouvait une joie solitaire à compter ses aïeux suivant leur vieille loi (2). Il falsifiait innocemment les papiers de famille, et mettait quelque fantaisie en ses tableaux généalogiques (3), pour pouvoir reculer ses origines dans le lointain du passé national, et s’ériger lui-même en créature (i) L’Esprit pur, Poésies, p. 263. (2)Id., id, (3) Cf. Ernest Dupuy, La Jeunesse des Romantiqîies : Victor Hugo ; Alfred de Vigny, Paris, Société française d’imprimerie et de librairie, 1905, i vol in-i8, p. 147 sqq. ALFRED DE VIGNY 2