Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/26

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en mettant fin à la guerre de sept ans, avait assuré à l’Europe un état de paix auquel l’opinion générale donnait une longue durée et que l’Amérique ne vint troubler qu’au delà des mers quand déjà le jeune officier n’était plus au service. D’ailleurs, toutes les puissances de son âme et de sa pensée étaient enchaînées autre part, et ses vives aspirations vers les deux sciences qu’il préférait à tout trouvèrent à Bordeaux un aliment plein de séduction. Il y rencontra un de ces hommes extraordinaires, grand hiérophante d’initiations secrètes, qui, pour communiquer leurs mystères, cherchent moins le grand jour que les ténèbres, Martinez de Pasqualis. Portugais, à qui nul ne peut reprocher d’avoir recherché, sous le masque de sa science secrète, soit la renommée, soit la fortune. De race orientale et d’origine israélite, mais devenu chrétien comme le devenaient les gnostiques des premiers siècles, dom Martinez initiait depuis 1754, dans plusieurs villes de France, surtout à Paris, à Bordeaux, à Lyon et ailleurs, des adeptes dont aucun ne fut entièrement épopte, c’est-à-dire n’eut tout son secret, mais dont plusieurs ne cessèrent de professer pour lui des sentiments d’admiration et de respect. Saint-Martin, qui devait être le plus illustre de ses disciples, nous dit lui-même que le maître ne les trouva pas assez avancés pour pouvoir leur faire ses communications suprêmes. Aussi ne leur a-t-il pas achevé les dictées de son enseignement.

Quand Saint-Martin lui fut amené par les officiers ses camarades, il lui arrivait dans les meilleures dispositions.

Comment, par quelles doctrines, quels talents, quelles