Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/34

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grand des prophètes du peuple de Dieu, c’est Moïse. Dom Martinez n’est que son greffier.

Le point de départ de la Réintégration, c’est la chute, et c’est une idée chère à beaucoup de mystiques très-transcendants, que les plus purs et les plus saints d’entre les mortels, les élus, doivent se sacrifier et s’immoler pour apaiser les colères divines soulevées par l’état d’imperfection où gît le monde déchu.

« Oui, Israël, s’écrie Moïse, je te dis en vérité qu’il en est du monde divin comme des habitants spirituels du monde général terrestre. Ne sois pas étonné si je t’apprends que les habitants du monde divin se ressentent encore de la première prévarication et s’en ressentiront jusqu’à la fin des temps, où leur action cessera de participer au temporel, qui n’est pas leur véritable emploi, et pour lequel ils n’ont point émané (sic)… De même que les habitants spirituels de la terre payent tribut à la justice de l’Éternel pour la prévarication du premier mineur, commise au centre de l’univers temporel, de même les habitants du monde divin payent tribut à la justice du Créateur pour l’expiation du crime des premiers esprits. »

On le voit, d’ailleurs, avec dom Martinez on n’est pas terre à terre pour les conceptions ou les questions. On n’est pas non plus terre à terre pour l’autorité : la science qu’il enseigne est suprême. Elle rappelle un peu celle de Philon, qui commente aussi la Bible à sa manière, c’est-à-dire qui la prend aussi pour point de départ de ses élucubrations, mais qui l’explique, la modifie et l’amplifie, lui aussi, soit au gré de ses études philosophiques, soit au nom de ses illuminations divines. Philon tou-