Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/37

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beaucoup de partisans ou de maîtres des arts occultes dans tous les siècles et dans tous les pays. En effet, entre la théurgie et la magie l’affinité est toujours intime. Si la ligne de démarcation qui les sépare est facile à tracer en théorie, elle est sans cesse franchie dans la pratique ; les opérations des deux arts se confondent.

A défaut de toute espèce de document authentique, il est impossible de déterminer comment elles se distinguaient dans l’école de Bordeaux. Il paraît qu’il était interdit, dans la société de dom Martinez, de révéler en quoi consistaient ces cérémonies qui choquaient un peu Saint-Martin. Le discret élève nous apprend bien, dans sa correspondance avec le baron de Liebisdorf, qu’il s’écria plus d’une fois, lui partisan d’un spiritualisme plus pur et plus évangélique : « Eh quoi, maître, faut-il tant de choses pour prier Dieu ? » Mais il se garde bien de nous laisser entrevoir ce qu’était ce tant de choses. De plus, quoiqu’il se soit écoulé vingt-cinq ans depuis qu’il a jeté ces cris, il ne veut entrer dans aucun détail. Il a l’air de rapporter avec une sorte de naïveté la réponse que lui fit Martinez ; mais je me défie beaucoup de sa mémoire dans ce récit, et, s’il est exact, je suis, certain que le maître et l’élève ne se sont pas compris et n’ont pas voulu se comprendre. Je crois que le maître a été un peu étourdi de la question, et le disciple trop prompt à se payer d’une réponse telle quelle. Saint-Martin dit que le mystagogue lui répondit : « Il faut bien se contenter de ce que l’on a. » Il pense que Martinez ne voyait dans ces opérations ou dans ces formules que du Remplacement. Mais j’estime qu’il a tort. Ce n’est pas des formules et des opérations que son maître a pu dire