Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/39

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dorf le disait expressément dans sa lettre du 30 juin : « Pour nous faciliter, autant que possible, notre union avec les Agents intermédiaires qui sont nos amis, nos aides et nos conducteurs, je crois qu’il faut une grande pureté du corps et de l’imagination. »

Cela est clair. Il s’agit d’esprits supérieurs, ou, pour parler le langage de dom Martinez, de ces majeurs qui tiennent assister le mineur, l’homme. Telle est, dans le traité de la Réintégration des êtres, la doctrine intime du mystérieux Portugais. C’est donc l’assistance des majeurs qu’il veut s’assurer par les opérations et les formules qui fatiguent l’impatience du jeune et pieux Français ; et quand celui-ci a l’air de se révolter : « Il faut bien se contenter de ce qu’on a, » lui dit le maître. C’est-à-dire, en d’autres termes, il faut se contenter des Vertus et des Agents intermédiaires, parce que l’on peut disposer d’eux, tandis qu’on ne peut pas, au moyen de nos arcanes, disposer de Dieu ou de son Verbe.

Voilà le sens du mot remplacement. Ce ne sont pas les opérations qui remplacent ; ce sont les puissances elles-mêmes mises en jeu par la théurgie, et, si l’on se contente de ces Agents, c’est qu’on n’a pas mieux. Mais on aspire à autre chose. On sera bien autrement fort, et ce sera bien autre chose quand sera accompli le cycle complet, et quand sera achevée l’œuvre entière de la réintégration des êtres en leurs formes et puissances primitives.

Voilà la doctrine de ceux des théosophes et des mystiques qui vont jusqu’à la théurgie. Et telle est la doctrine constante de Saint-Martin lui-même.

Cela va beaucoup plus loin que les ambitions les plus