Page:Matter - Saint-Martin, le Philosophe inconnu, 1862.djvu/43

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d’opposition : « Faut-il donc tant de choses pour prier Dieu ? »

Cependant, tout en se détournant ainsi des opérations théurgiques avec une sorte d’antipathie, Saint-Martin n’avait fait qu’obéira d’anciens instincts de spiritualité, et si grands qu’on conçoive les pas qu’il a faits de 1766 à 1792, sa théorie est restée la même. On va s’en convaincre, « Sans vouloir déprécier, écrit-il à son disciple Liebisdorf, les secours que tout ce qui nous environne peut nous procurer, chacun en son genre, je vous exhorte seulement à classer les Puissances et les Vertus. Elles ont toutes leur département. Il n’y a que la Vertu centrale qui s’étende dans tout l’empire. »

Il prend sur lui de mettre son ami dans de bonnes voies, il l’engage à bien savoir à qui il s’adresse. Mais il ne le détourne pas des bons Agents, de ceux qui nous font entendre le Verbe dans l’intérieur. Classer les Puissances et s’attacher au centre pour l’œuvre de la Réintégration, telle était la substance même de la doctrine de Martinez de Pasqualis, et plus on étudie Saint-Martin, le traité de son maître De la Réintégration sous les yeux, plus on sent dans toute sa profondeur l’influence du théurgiste de Portugal sur le plus célèbre de ses élèves de Bordeaux.

Ajoutons, dès à présent, que le spiritualisme de Jacques Bœhme, venant à passer là-dessus, donnera aux idées de Saint-Martin une singulière élévation et aura l’air de faire dans sa pneumatologie une métamorphose complète. En apparence il changera les Agents et les Vertus du monde spirituel en autant de puissances du monde matériel, selon le point de vue du