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de son âme ; il « pouvait la prendre à tel moment qu’il lui plairait, et cela non pas demain, mais tout à l’heure. » (Portr., 821.)

On n’est pas aussi prêt que cela sans l’être presque trop. Saint-Martin avait le mal du pays, ce qui est de trop même dans un mystique, au point que la vue de la nature la plus belle, décorée de tous les attraits et pleine de recueillement, celle d’Aunay par exemple, lui donnait « des pleurs comme la vue —du nouveau temple en donnait aux vieillards d’Israël qui avaient connu l’ancien. » (Portr., 1106.)

Comment ne pas pleurer d’être loin de Dieu, quand l’âme est à ce point unie à Dieu et Dieu uni à l’âme qu’il « ne pourrait pas la rejeter sans se rejeter lui-même ? » (232, 290.)

Saint-Martin pensait sérieusement que Dieu ne pouvait que le bien recevoir, puisque, tout compte fait, il trouverait encore en lui de quoi se consoler (799).

Le mot, disons-le bien, serait leste, il serait intolérable dans une autre bouche. Il est parfaitement compris et très-sensé dans celle de Saint-Martin. Mais n’allez pas le mal lire et mettre contenter en place de consoler ; l’écriture s’y refuse et le tact de l’auteur aussi. En effet, il n’a pas la prétention de contenter Dieu ; mais il a la certitude que, malgré toutes les douleurs que sa vie a pu causer à son divin Maître qui a pleuré sur Jérusalem, il restera néanmoins en lui de quoi consoler ses afflictions paternelles au sujet de toutes les infidélités de son enfant.

Voici, au surplus, la traduction bien fidèle et bien régulière que Saint-Martin fait lui-même de l’expres-