Page:Matter - Schelling, 1845.djvu/159

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l’autre (τό έτερον). Ainsi fut créé le monde. Le monde est la fin de cette existence primitive et aveugle, et c’est donc en quelque sorte le monde qui donna naissance à Dieu, ce n’est pas Dieu qui donna naissance au monde. En effet, Dieu n’est que la substance ou la matière arrivée à un développement rationnel, à l’état de pensée. Quand le monde est arrivé à la pensée, la création a été achevée, et la félicité de Dieu a été parfaite. Ainsi, par la naissance de la pensée et de la vérité, Dieu n’est pas seulement devenu esprit, mais il a encore connu le bonheur ; car il a pu produire, créer. Or, créer, c’est penser et être heureux. « Je ne suis heureux que quand je produis, disait Jean de Muller. Je ne pense que lorsque je produis, disait Goëthe. De même, penser et produire sa création, le monde, c’est la félicité de Dieu. » Tel est, je ne dirai pas le raisonnement, mais le langage de M. de Schelling. Pris comme argument, ce serait là un raisonnement fait un peu trop ad hominem. Pris comme exemple, cela ne laisse pas de jeter quelque