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Sous ce point de vue fondamental on va peut-être juger sévèrement la doctrine de M. de Schelling parmi nous. On l’a jugée sévèrement même en Allemagne. On a dit que ce n’était pas de la philosophie, que c’était de la poésie, de la mythologie et du mysticisme. C’est partout le privilège des hommes éminents d’être jugés avec rigueur. Qu’y a-t-il de vrai dans ces critiques ?

CHAPITRE XXX.
De la poésie, de la mythologie et du mysticisme de la doctrine de Schelling.

Il ne faut pas le nier, il y a beaucoup de poésie dans la doctrine de M. de Schelling ; il y en a beaucoup dans son langage ; elle abonde dans son génie ; elle en fait le fond. Si le célèbre philosophe n’est pas poëte en vers, il l’est en prose. Il l’est dans tous ses écrits. Il l’est dans sa pensée comme dans sa phrase, et jamais il n’a caché ni sa prédilection pour les beaux-arts, ni sa conviction, que la philosophie est émanée du sein de la poésie et doit y rentrer un jour.