Page:Matthieu - Aman, 1589.djvu/14

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Mais une seule Esther sous son sacré flambeau,
Nous tirera mi-mors de ce triste tombeau.
Esther nostre Phanal qui doit un jour remettre
En Solime l’autel, l’encensoir et le Prestre, (145)
L’humilité d’Esther rayonne maintenant,
Du Jourdain jusqu’au Nil, et de l’Inde au Ponant,
L’orgueil est atterré, et le ciel pitoyable
Rompra ce triste joug qui nostre race accable.
Icy triste j’attens qu’un favorable jour
Me donne quelque entree aux faveurs de la Cour
Par le moyen d’Esther, pour oster de souffrance
Ce peuple fugitif qui vit en esperance.
LE CHŒUR.
Au temps que de la vierge Astree
Laissa les hommes pervers, (155)
Qui l’avoient si fort outree
Pour s’envoler sur les ærs,
Le vice de rage espris
Se fit maistre de son pris.


Pour garder sa tyrannie (160)
Il forgea un monde armé
De fureur et de manie
Et d’arrogance emplumé,
L’orgueil au Dieu immortel
Osa donner le cartel. (165)
Sous des armes flamboyantes
Le tort print l’authorité
De grands crestes ondoyantes
Pour couvrir sa cruauté,


En s’escriant qu’on ne doit (170)
Craindre la rigueur du droit.