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- MARDOCHEE. ESTHER.
- ARGUMENT.
- Mardochée qui ne desiroit de se faire cognoistre oncle de la Royne Esther, au commencement de son regne demeura entre les gardes du Palais du Roy,
- durant lequel temps il descouvrit une lasche conspiration de Thares, & de Bagatha Eunuques, contre leur Roy, & sachant bien qu’il seroit coulpable du
- complot, par un taisible consentement, s’il ne les accusoit, il raconte le tout à la Royne pour en advertir le Roy son mary, descrit les vices de la Cour,
- regrette le souvenir de sa terre natale, & de la vie rustique, plus plaisante & heureuse que le courtizanisme, montre comme les Roys sont tousjours
- accompagnez de desfiance & de soupçon.
- MARDOCHEE.
- O Dieu peux-tu ouyr un voulir si meschant ?
- Peux-tu voir aguiser l’homicide trenchant ?
- Où est Seigneur, où est ton fouldre et ton tonnerre ?
- Refrongne le sourci, qui fait trembler la terre,
- Darde dessus les chefz de ces traistres pervers (200)
- Les feux, les fers, les traits, horreur de l’univers :
- En moins d’un seul clin d’œil tu as la peine preste,
- Le fouldre brize-tout, l’orageuse tempeste,
- Et toy flambeau du jour peux-tu veoir sans palir
- Les desseins de ces deux pour un roy assaillir ? (200)
- L’haleine me deffaut, mes propos se tarissent,
- Mes forces en parlant de ce forfaict perissent,
- J’ay encore engordy de mon ame les sens